VARIA OVER 1813.
217
une proclamation
sommait de le reconnaïtre en cette qualité, de faire
au peuple et de faire arborer le pavilion orange.
Il me montra en même temps deux proclamations par 1’une desquelles les
six M.M. surnommés se constituaient provisoirement et disaient avoir con-
voqué pour aujourd’hui tous les membres encore vivant du gouvernement
Hollandais de 1793 a 1794, tandis que par la seconde lui, de Styrum,
se déclarait au nom du Prince d’Orange Gouverneur-général de la Haye.
Dans le même moment le peuple (qui d’après les renseignements que
j’ai requ postérieurement avait dès le matin été excité par les différents
chefs et membres du parti et parmi lequel on avait répandu en cet effet
de 1’argent et des cocardes oranges) renouvela ses demandes avec plus
de violence et menaqa de forcer la Mairie si 1’on n’arborait le pavilion
orange. Ma position se trouvait par la extrêmement embarassante. Vous
étiez parti, le Général était d’après ce que vous et lui m’aviez commu
niqué decide a partir, il attendait seulement la rentrée de ses détache-
mens. En attendant sa troupe se tenait dans la caserne sans se meier
de ce qui se passait. La compagnie de réserve après votre départ s’était
en partie dispersée et en partie enrölée sous M. de Styrum. Abandonné
entièrement a moi-mème il ne me restait que trois partis a prendre, ou
d’ opposer une résistance momentanée dont l’inutilité était evidente, ou
d’arborer le pavilion orange et de reconnaïtre M. de Styrum comme
Gouverneur-général de la Haye et les autres comme formant un Gouver
nement, ou enfin de céder a la force des circonstances et de quitter
momentanément un poste oü seul je ne pouvais me maintenir sans donner
les mains a des mesures contraires au serment que j’avais fait et a
mon devoir.
Le premier parti, celui d’opposer une résistance momentanée était non
seulement inutile puisque seul je ne pouvais Jutter contre la force sans
en avoir moi-même, mais de plus cela n’aurait servi qu’a causer les plus
grands malheurs, faire verser beaucoup de sang et compromettre la
süreté de tous les Francais qui se trouvaient encore dans cette ville,
enfin cela était contraire aux conseils que vous m’aviez donnés a diffé-
rentes reprises.
Le second était contraire a mon devoir et a mon serment et jamais
rien n’avait pu m’engager a y manquer.
J’ai done suivi le troisième parti, celui qui me paraissait seul dicté
par la prudence et que vous-même m’aviez conseillé de suivre si le cas
échéait que les autorités supérieures et franchises fussent forcées de
nous quitter.
J’ai cédé a la force irresistible des circonstances et tout en protestant
contre tout ce qui se faisait de contraire au Gouvernement je me suis
retiré momentanément de mon poste en priant les M.M. qui se trouvaient
auprès de moi d’après mon invitation de continuer a maintenir la tran-
quillité et le bon ordre et de veiller a la süreté des personnes et des
propriétés.