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EEN JEUGDLIEFDE VAN
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Baron Van Spaen, kasteelheer
van Biljoen.
n’aurai plus a me rassurer sur la défiance que je mets
en moi-même, mais si préparé par toutes ces réflec-
tions je paraitrai au naturel, ne voudrai pas dire plus
que mes paroles renferment, et serai sur que mes demi-
phrazes feront plus d’effet que tous les complimens de
ces messieurs. Voions en un mot si je saurai effectuer
l’idée, que pour l’homme solide je les passe, et que
non moins cette solidité quand elle ne s’éloigne pas de
la nature a un dehors, moins dégagé peut-être, mais
plus éloquent, plus décent surtout que le leur. Voions
ce qui alors sera le résultat d’une conduite que je ne
craindrai pas de voir ridiculisée, puisque même je ne
prendrai pas garde a ce qu'on en dira, voions ce que
j’aurai a me raconter a moi-même quand sans me
gêner, je me serai observé et quand sans affecter une
sévérité déplacée, j’aurai suivi le penchant de mon
coeur qu’aura dérigé celle de qui de tous les humains
j’aimerais le mieux le voir dirigé. Cette simplicité na
turelie en d’autres, je veux l’acquérir par la raison;
celle qui sans s'embarrasser jamais de qu’en dira-t-on,
agit sans cesse de fagon qu’on ne peut qu’en dire du
bien ou en médire. Il ne dépend que des premiers in-
stans et si ce fameux soir la les premiers instans ne
m’eussent été défavorables, je pourrais êtres fort loin
déja et accepter sous d’heureux auspices la proposition
gracieuse de ma mère d’aller pour son compte au con
cert. A présent il faut renoncer a ce plaisir. Mais je
le fais de bon coeur, me trouvant trés a consoler par
le changement que cette scène et ses suites ont eu sur
moi, J’irai demain faire la visite chez Spaan. 1Je
compte bien me faire prier encore a venir loger chez
lui; hé bien si alors 1’occasion ne s’est pas encore pré-