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EEN JEUGDLIEFDE VAN
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vrees ongegrond zijn, dat zijn gevoel zich gericht heeft
op een voorwerp „digne de lui”, maar in haar dagboek-
aanteekeningen uit zich nu naast gekwetstheid over zijn
stugheid en geslotenheid, ook eenigszins de jalouzie van
de moeder op de „amante
„Ce lundi matin avant cinq heures mon Charles ne
m’aime plus, ne l’ayant vu de tant d’années, il est déja
réperdu pour moi après 6 mois 1 Quoi, paree que ma
tendresse m’a rendue inquiètte, paree qu’il me fait mis-
tère d’un sentiment nullement condamnable étant in-
volontaire d’abord et heureusement tombé sur un sujet
digne de lui, est-il si étonnant que j’aye pu m’allarmer
en soupgonnant toute autre chose, lui suis-je devenue
par la si importune, qu’il ne lui reste plus pour moi
aucune aménité; dernièrement je lui offre un billet de
concert, croyant lui procurer ce plaisir qu’il désire,
il me rebute froidement tandis qu’avec empresse-
ment il accepte le billet du Prince. II se léve, il se
couche sans plus penser a moi. Un midi il s’abandonne
au morne que lui donne ses nouveaux sentimens et en
prend un frivole prétexte; une autre fois on me rudoye,
paree que je prends quelque intérêt en son saignement
de hier. On me ridiculise parceque je veux lui arrenger
son bain a sa grande commodité, quel homme, quel
homme, quand il se laisse aller ainsi a chaque impul
sion, voici tout d’un coup déja que l’amante l’emporte
sur la mère et pourquoi ses deux sentimens ne pour-
roit-ils s’allier; enfin s’il doit rester comme il est a pré
sent, je me consumerai du chagrin sécret que j en res-
sends, cher enfant tu peux être si aimable, pour moi je
t’aime de si bon coeur, tes soeurs de même, nous pour-
rions vivre si heureux ensemble, si seulement tu voulois
un peu mieux te dompter, pense a tes devoirs, ils sont