GIJSBERT KAREL VAN HOGENDORP
163
Sachant peu d’Elle, je puis dire peu de bien, mais
aucun mal. Elie semblait se prêter a cet honneur de
jouer avec leurs Altesses, sans en être vaine de tout,
elle n'était pas embarassée comme Mlle Perponcher,
ni adonnée a ce monde, comme Rengers, etc. A Ro-
sendaal, elle seule marquait beaucoup de respect pour
la mère,
J’ai cru quelquefois qu’a l'église elle promenait trop
les yeux; mais a ces tristes sermons que faire! Voila
ce que je sais, ni plus, ni moins. Quant a moi, je 1’aurais
été voir bien plutöt, mais je l’ai craint. La voiant j’étais
souvent lors de moi-même pour des heures entières,
osais-je risquer de me trouver dans cet état chez ses
parens!
Je croiais voir plus dame dans ses regards tournés
sur moi que sur tout autre, et voila ce qui m’embrasait.
La cause de vos fraieurs est celle-ci:
A un souper a la cour, ou je fus avec les autres
officiers de la Garde, je m’entretins avec plusieurs
personnes. J’étais a une fenêtre, elle entre dans la
chambre et se place tout prés de la porte a 1’autre
fenêtre. Tous les jeunes gens i’entouraient pour 1’ad-
mirer, toutes les jeunes filles afin de sembler avoir
part a 1’adoration de cette foule. Les uns exprimaient
du plaisir, les autres de 1’envie. J’attendais, qu'on se
dissipat un peu pour m’approcher. Quand elle, me
voiant, marche doucement de coté jusqu’a ce qu'après
un demi-quart d’heure environ tout en causant elle est
arrivée sous le miroir entre les fenêtres, elle s’y appuie
contre la petite table sous le miroir et un seul pas
m'avangait vers elle. Mais oü étais je alors? Toute
cette action m’avait pénétré et dans un étonnement
plus grand que si la foudre m’avait frappé, je restais
immobile et pour jamais je me crus pétrifié. Elle part,