EEN JEUGDLIEFDE VAN
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regards hier au concert m’ont pénétré. J’avois tort de
croire que je pouvais être indifférent en ta présence,
jamais! Mais il faut que je fasse comme quand je
rougis chez nous a table, poursuivre en tout comme
si de rien n'était. Alors je suis décêlé, (Eh ne ie
suis-je dès longtems a tes yeux? mais pourtant
pas encore aux yeux de tout le monde, plusieurs diront
c’est timidité naturelle, d’autres n’y prendront pas
garde. Je regarderai ta Mère comme une femme non
d’un grand esprit, mais d’un trés bon coeur, qui par-
donne avec beaucoup d’indulgence ce manque de ton,
qui ne sait pas vous mettre sur un pied plus libre, mais
qui ne vous gêne jamais. Je regarderai tes frères comme
des jeunes gens qui autrefois mes camarades, pour-
raient être a présent mes liaisons si une grande diffé-
rence de caractère et de gouts ne semblait nous éloig-
ner, mais qu’après les premières cérémonies je dois
tacher de rernettre sur un pied plus familier. Je dois
te regarder peu de fois, car enfin la comme ici tu
feras ma seule pensee, mais pourtant si l’occasion
m’est un peu favorable je m’avancerai vers toi, j’ai
beaucoup a gagner, car si tu m’aimes, tu t’entretiendras
avec moi, et pourlors, si tu ne me trompes, si je sais
t’apprécier, ta conversation me fera oublier tout le
monde rassemblé, j’ai peu a perdre, car si tu te déba-
rasses de moi, ou si en t’engageant tu ne remplis pas
mon attente, qu’alors on voie mes genoux trembler
sous moi, ma couleur me quitter et ma physionomie
sinistre, comme ma mère l’appelle, reprendre entière-
ment sa place, je ne penserai non plus a personne, je
te quitterai et la grande vérité que j’aurai appris me
dédommagera en tier du ridicule que je me serai donné.
Mais surtout que je me le répète il ne faut pas qu’un
instant je per de cette présence d’esprit qui quand elle