GIJSBERT KAREL VAN HOGENDORP
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i) Arch. Hog. 11. Dagboekaant. G. K. z.d.
Que je t’écrive. Que je m’accoutume au terns heureux
ou je le devrai sérieusement! Ces preparations sont
douces, et peut-être un jour tu m’en sauras gré. Ah,
si tu penses (que sais-je) en ce moment ,i moi, ne
convient-il pas que je trace mes pensées, toutes folies
qu’elles peuvent être, par écrit. Je t’ai vu si souvent.
Toujours dans une autre situation, te trouvais-je autre.
Aujourdhui a la seconde fenêtre différente de ce que
tu es a la première. J’ai vu a Dresde un jeune servante
en pastel, portant du chocolat, on dirait qu’elle marche.
Que de simplicité et de naturel dans ce tableau! Pas
plus que dans tes traits; mais tu y jouis encore 1’en-
jouement. Qu’aujourdhui ta couleur était belle, peut-
être me suis-je dit ensuite, échauffement. Mais voila
ce que je ne puis m'empêcher de dire encore jour-
nellement de ton ame. En a-t-elle, me suis-je souvent
demandé, et je le demande encore. Est-elle minau-
dière? Je l’ai cru quelque tems. Je redoute le moment
ou je vais me désabuser; que m'apprendra-t-il! J’entens
parler de bal a la Vieille Cour pendant la cermesse.
Sera ce la? II est vrai, je t’ai vu soumise a ta Mère,
tandis que tes soeurs me paraissaient désobéissantes.
Je t’ai vu au cercle mépriser de vains homages, et sans
paraïtre t’y amuser, te bien conduire néanmoins a
cette cour. Cette vraie noblesse, cette véritable vertu
m’accompagne partout peut rendre ma conduite telle
que je la souhaite; cette présence d’esprit qui me perd
ou me conserve et qu’il faut reprendre a l’instant
suppose même que j’eusse pu en avoir été aban-
donné.” 2)